AMIDEI SERGIO (1904-1981)
"Nous évaluons assez mal en France les mécanismes de la production cinématographique italienne, peu structurée de façon durable, notamment en ce qui concerne la place des scénaristes et surtout celle des soggiotori (« créateurs de sujets ») dont il n'y a guère d'équivalents ailleurs. Sergio Amidei a ainsi joué un rôle capital, et, à travers sa longue et diverse carrière, c'est tout le cinéma italien depuis les années 1940 qui, en fait, défile devant nous. Né à Trieste alors que cette ville était encore austro-hongroise, il émigre avec joie en terre italienne comme il avait accueilli avec joie, adolescent, le rattachement de sa ville natale à l'Italie. En 1924, il est engagé à Turin comme figurant dans Maciste aux enfers, de Guido Brignone. D'étudiant qu'il était, il se retrouve bientôt assistant-réalisateur d'une série de Maciste puis de diverses comédies, tournées notamment à Nice et à Paris (il est mal vu du régime fasciste). En 1936, toutefois, il est à Rome et fournit à Goffredi Alessandrini le sujet d'un film, Don Bosco, ce qui fait de lui le scénariste (pas toujours présent au générique) d'une série de films de R. Freda, M. Bonnard, […]"
Gérard LEGRAND
FESTIVAL DE CANNES
"Événement majeur de la vie cinématographique et culturelle mondiale, le festival international du film de Cannes relève également de la chronique mondaine et, parfois, de la gazette scandaleuse. Il a longtemps été le terrain d'élection de tous les paparazzi du globe, et cet aspect n'a pas peu contribué à un succès sans cesse croissant. Pourtant, plutôt que les ébats complaisamment photographiés de Robert Mitchum avec une starlette dénudée ou que l'apparition discutée de Madonna, on retiendra le premier visage du festival, celui de la manifestation qui rendit célèbres Rossellini, Antonioni ou Alain Resnais (avec Hiroshima mon amour qui, s'il ne reçut aucun prix, n'en fut pas moins l'événement de 1959).Tout a commencé à cause de Venise et de sa biennale, premier festival cinématographique mondial créé en 1932. Après quelques belles années, l'influence de Mussolini et de son encombrant allié allemand y étant devenue envahissante, Français, Britanniques et Américains décidèrent de créer un autre festival, qui ne serait plus tributaire des impératifs politiques de l'Axe."
Philippe d'HUGUES
CAMERINI MARIO (1895-1981)
"Mario Camerini est né à Rome en 1895. Grâce à son cousin, le cinéaste Augusto Genina, Mario Camerini débute comme assistant avant de passer à la réalisation avec Jolly, clown da circo en 1923. Mais ce n'est qu'en 1929, avec Rotaie (Rails) qu'il obtient un certaine reconnaissance critique et que son style, intimiste et gris-rose, s'affirme. Il s'agit là de l'un des derniers films muets italiens, mais la virtuosité en est remarquable : Camerini raconte comment un jeune couple, prêt à se suicider, trouve fortuitement une somme d'argent qui lui permet de vivre ses derniers jours dans le grand luxe de la Riviera. Au sortir de l'aventure, le couple optera pour la vie. Un apologue exemplaire des soucis de Camerini et de sa philosophie. Son œuvre regorge en effet de travailleurs et de petits bourgeois qui s'aventurent dans une sphère sociale élevée : immanquablement, ils leur faut revenir à leur point de départ. Ce conformisme plaît sans doute aux autorités fascistes en place qui, du coup, lui permettent de travailler avec une indéniable liberté, malgré une commande de propagande (Il grande appello, 1936). En fait, il s'agit moins pour Camerini de fai […]"
Christian VIVIANI
BLASETTI ALESSANDRO (1900-1987)
"Critique, figurant, acteur jouant son propre rôle, metteur en scène au théâtre, au cinéma et, à partir de 1962, à la télévision, Alessandro Blasetti adorait se définir comme « un océan de contradictions ». Né à Rome, il fait des études de droit, conformément à la tradition de sa famille maternelle où l'on était avocat de la curie romaine de père en fils. Mais il tient sans doute son goût pour les arts de son père hautboïste à l'Accademia de Santa Cecilia et de son grand-père sculpteur. La vie de Blasetti se confond avec l'histoire du cinéma italien : s'il défend le cinéma muet, il saisit immédiatement la chance que représente le parlant, et réalise le premier film italien parlant, Resurrectio (1930, distribué après Terra madre), C'est en 1925 qu'il inaugure la première rubrique de critique cinématographique dans un quotidien italien. Il participe au lancement de plusieurs quotidiens : Il mondo e lo schermo devenu Lo Schermo, hebdomadaire illustré du cinéma (1926-1927) ; Cinematografo (1927-1931) ; Lo Spettacolo d'Italia (1927-1928)."Giuditta ISOTTI-ROSOWSKY
ANTONIONI MICHELANGELO (1912-2007)
"Il y a dans chaque culture nationale comme dans chaque moyen d'expression des moments ou des personnes qui semblent être des points de convergence. Ainsi des œuvres incarnent et propulsent en même temps certains changements culturels collectifs, si bien que l'itinéraire de leur auteur tend peut-être injustement à décevoir après coup, lorsqu'il vient s'insérer dans un courant plus régulier. Au même titre que l'œuvre de Bergman ou de Resnais, celle de Michelangelo Antonioni est marquée par un tel cheminement intellectuel.Né en 1912 à Ferrare, Antonioni entre dans la profession en 1942 comme assistant de Marcel Carné pour Les Visiteurs du soir ; jusqu'à 1950, il collabore à quelques scénarios et réalise des courts-métrages qui ne sont pas indifférents. C'est l'époque où le cinéma italien connaît la flambée du néo-réalisme fortement marqué à gauche, et qui, prôné ou contredit, influencera profondément toute la vie culturelle italienne de l'époque."