Rome Ville Ouverte
Réalisation : Roberto Rossellini
Scénario : RobertoRossellini, Sergio Amidei, Frederico Fellini
Année de parution : 1945
Principaux acteurs : Anna Magnagi, Marcello Pagliero, Francesco Grandjacquet
NOIR ET BLANC 100 Minutes
Film phare du néoréalisme, il rend hommage à la résistance et plus généralement à tous ceux qui ont subi les affres de l’occupation. Tourné avec des moyens de fortune, des interprètes non professionnels mêlés à des acteurs confirmés, ce film suit les préceptes du néoréalisme. Il permit aussi à Rossellini de se hisser au premier rang des cinéastes de sa génération.
Ce film fut très bien accueilli par la critique qui voyait en lui la renaissance du cinéma italien. De plus, il rendait ses lettres de noblesse à la résistance italienne, ce qui était un point très fort pour cette population traumatisée après la guerre.
Cependant une partie de l’Italie fut choquée par les propos du films car il lui renvoyait l’image de son rôle et de son attitude ambiguë pendant la guerre. Ce film marqua l’éclosion de Roberto Rossellini comme réalisateur et la révélation d’une grande actrice : Anna Magnani. Ce film reçu la palme d’or du festival de cannes en 1946.
Ce film fut très bien accueilli par la critique qui voyait en lui la renaissance du cinéma italien. De plus, il rendait ses lettres de noblesse à la résistance italienne, ce qui était un point très fort pour cette population traumatisée après la guerre.
Cependant une partie de l’Italie fut choquée par les propos du films car il lui renvoyait l’image de son rôle et de son attitude ambiguë pendant la guerre. Ce film marqua l’éclosion de Roberto Rossellini comme réalisateur et la révélation d’une grande actrice : Anna Magnani. Ce film reçu la palme d’or du festival de cannes en 1946.
Le 19/12/1946 : « Rome ville ouverte » ou la lumière nous vient d’Italie
On savait bien que « L’Espoir » de Malraux ne serait pas sans
lendemain. Mais on commençait tout de même à trouver le temps long. L’exemple donné par Malraux n’aura pas été vain. Voici, en effet, que nous arrivent d’Italie deux films extraordinaires,
deux films bouleversants et qui nous donnent une drôle de leçon : Rome ville ouverte et Païsa de Rossellini.
Je ne vous parlerai aujourd’hui que de Rome ville ouverte puisque Païsa, le plus remarquable à mon sens, n’a pas encore été projeté devant le public.
Tout de suite, je vous le dit : j’ai eu le souffle coupé par ces deux morceaux de cinéma pur.
M. Rossellini a tourné son film à la sauvette, sans aucun moyen. Il a du vendre ses meubles pour le terminer. Tous ses acteurs (à l’exception de Fabrizi – un diseur de monologue qui se montre l’égal des plus grands – et d’une petite chanteuse de music-hall : Anna Magnani, qui peut être tenue comme l’une des plus saisissantes actrices du nouveau monde et de l’ancien), tous ses acteurs ont été pris à tout hasard dans la foule.
Et l’on ne se trouve plus ici devant ces vedettes exigeantes et totalitaires, mais devant des types épatants qui tournent dans l’enthousiasme et qui ont le feu sacré ! Ils se donnent complètement, ils se fichent de leur profil, ils ne songent ni à l’opérateur ni à leur standing personnel.
Ah ! Oui, voilà du cinéma, voilà de l’art, voilà du génie !
Et c’est une fois de plus que l’argent corrompt les meilleurs. La pauvreté, c’est tout de même la jeunesse, la jeunesse qui se risque, la jeunesse qui ose, la jeunesse qui n’a rien perdre, la jeunesse inconsciente et téméraire.
M. Rossellini nous conte un épisode de la résistance italienne avec Gestapo, torture, attentats exécution etc.
Les gens vous disent :
- Les films sur la résistance, on en a par dessus la tête... ... Mais ils seront bien obligés d’aller voir Rome ville ouverte. Ils ne pourront pas faire autrement. S’ils ne voyaient pas ce film, ils ne pourraient plus parler de cinéma. Rome ville ouverte est un film essentiel : Un film-clef. Un film historique. Parce qu’il ne s’embarrasse pas de préjugés, parce qu’il n’a pas pris d’habitudes, parce qu’il est un homme libre, M. Rossellini vient de rendre au cinéma un grand service.
Il a rappelé tout le monde à l’ordre : - Qu’avez vous tous à courir après les vedettes, à faire de la photographie léchée, à fabriquer des scénarios en observant des lois imbéciles édictées par des crétins, à vous figer dans des moules de série... Vous ne voyez pas que vous vivez de poncifs et que vous crevez étouffés... Il y a trente ans que vous êtes enfermés dans des studios...Vous n’avez donc pas envie d’aller voir ce qui se passe dehors. Vous avez perdu de vue la réalité.
Le cinéma grâce à Rossellini retourne à ses sources. Son film est une succession de miracles. Il a enregistré le son après coup, car il ne pouvait pas s’offrir le luxe d’un camion sonore. Et l’on s’en moque complètement. L’intérêt du film est ailleurs. Il est dans cette vérité de tous les instants, surprise dans le simple appareil d’une beauté qu’on vient d’arracher à la vie. On n’oubliera pas de sitôt cette maison ouvrière avec ses escaliers pathétiques, ses drames si simples, si dépouillés, si familiers, pourrait-on dire.
On n’oubliera pas la nuit de l’interrogatoire avec la salle de torture d’un côté, la salle de jeu de l’autre, et ce bureau blafard entre les deux, ce cocktail de sang et d’alcool et cette odeur de cigare humide...
On n’oubliera pas la perquisition et cette foule sourdement révoltée. On n’assiste pas à un film. On est mêlé à une action, on y participe... Chaque fois qu’un personnage inconnu s’introduit chez ces résistants
on a envie de crier : « Attention, c’est un espion ! » et on a l’impression qu’on va être, d’un instant à l’autre, arraché de son fauteuil et jeté en prison !
M. Rossellini, avec son film, a bien servi la cause de la paix.
Il nous a restitué le vrai visage du peuple italien, si cruellement déformé par les politiciens, les mauvais acteurs et les ténors.
L’Italie, pour nous c’était les manifestations empathiques de d’Annunzio, les spectaculaires redondances de Mussolini, les gabiriades, les scipionnades à la Maciste quatre deux de Carmine Gallone ou de Genina, c’était l’orgie romaine de Quo vadis et Rodomont tiré à un million d’exemplaires.
Il nous faut réviser toutes nos fausses conceptions.
Le film de Rossellini, c’est un verre d’eau fraîche qu’on jette à la figure d’un ivrogne pour le dégriser.
- Il faut revenir à soi, nous regarder en face, et nous juger sans idée préconçue... Nous avons des défauts, irritants sans doute, mais voici nos qualités... Fais la part des choses et juges-nous sur des évidences.
- Oui le cinéma est un moyen de faire connaissance. Il a beaucoup menti, beaucoup triché. Avec M. Rossellini, il se met à table et nous dit la vérité.